Boussole – Mathias Énard (2015)

Boussole – Mathias Énard (2015)

Franz Ritter est un musicologue avec un goût prononcé pour les compositeurs germaniques et orientaux. Depuis son appartement de Vienne, encombré de livres rares et de reliques du Levant, il ne parvient pas à retrouver le sommeil. Pendant une nuit d’insomnie, nous le suivons dans ses souvenirs qui nous mène de Vienne à l’Orient.

Depuis toujours fasciné par l’Orient, il s’est, toute sa vie, consacré aux voyages ; du Caire à l’autre bout de l’Iran. Depuis son salon, il songe à la musique qu’il aime écouter, se lance dans des tirades sur Bach, Beethoven et Liszt. Il évoque les merveilles du pays des Mille et Une Nuits, les mets fabuleux, les poètes oubliés, les paysages oniriques. Il nous parlera des grands auteurs perses comme Hedayat, Hafez et Kayyam, des grands orientalistes voyageurs comme Nerval, Hammer-Purgstall et Chateaubriand.

Et dominant ses pensées : Sarah. L’orientaliste la plus douée qu’il eut la chance de connaître. Il est tout de suite tombé éperdument amoureux de cette belle femme aux cheveux de feu et aux yeux d’émeraude. Mais elle est loin de lui, à l’autre bout du monde. Elle a toujours été loin, trop loin pour qu’il puisse l’atteindre.

Une fois de plus, je suis absolument chamboulé par la plume de Mathias Énard. Malgré quelques longueurs et des passages érudits sur la musique classique et les auteurs orientaux, j’ai passé un excellent moment, en ne manquant pas de noter une multitude de références de livres à lire et de musiques à découvrir. Chaque nom de chapitre est une heure de la nuit, ce qui nous fait rentrer dans l’angoisse de Franz qui n’arrive pas à fermer l’œil.

Non seulement on en apprend beaucoup mais on est aussi vite pris par la mélancolie du narrateur. Je dirais que c’est une sorte de mélange entre un essai qui fait l’éloge de la musique, de la littérature, des voyages et de l’Orient, et d’un roman qui nous parle d’un amour impossible. Une ode à la littérature, à la musique et à la beauté du monde oriental.

Accrochez-vous peut être par moments, il en vaut largement la peine.


Prix Goncourt 2015
Éditons Babel
464 pages