Ce qui plaisait à Blanche – Jean-Paul Enthoven (2020)

Ce qui plaisait à Blanche – Jean-Paul Enthoven (2020)

Blanche est insaisissable. Elle a la fugacité de la lumière de l’aurore, l’intensité du soleil de midi et la douceur d’un rayon de lune. Ce qu’elle désire, elle a. Du haut de ses richesses et de sa beauté qui défient celles des dieux, le monde est à ses pieds pour répondre à ses moindres désirs. Le refus et la frustration sont des maux étrangers pour elles, des contrariétés qui n’affectent que les mortels les moins fortunés.

Notre narrateur – qui préfère garder l’anonymat – est un diplomate français, en mission en Italie quand il rencontre Blanche lors d’une soirée rocambolesque organisée par son ami Cornelius Cunard, un bourgeois qui l’a pris sous son aile financière. Accompagnée partout par sa servante Zita – une étrange femme aux yeux jaunes, dont la beauté égale presque celle de sa maîtresse –, Blanche suscite l’admiration de tous les individus qui ont le bonheur de poser les yeux sur elle.

Contre toute attente, notre narrateur retient son attention et se verra convié chez elle et la verra de plus en plus, jusqu’à pénétrer son cercle le plus intime. Mais est-il prêt à découvrir les coulisses de la vie d’une femme qui n’a aucune limite ?

Voici ma toute première lecture de Jean-Paul Enthoven, et elle m’a enchanté. Malgré une légère perte de rythme au milieu du roman, on est pris dans l’histoire et dont on veut absolument connaître le dénouement.

La plume est fine et précise, il n’y a pas de superflu, et aucun détail essentiel n’est omis. On sent le soleil de Capri nous chauffer la peau, le champagne hors de prix nous couler dans la gorge et les vices et désirs nous réchauffer le ventre. Les développements psychologiques des personnages sont bien expliqués et parfois diablement réalistes.

À lire absolument. Merci encore à Grasset pour cette belle découverte. Je ne manquerai pas de lire les autres ouvrages de l’auteur.

Je me souviens que, face à cette apparition-foudre, il m’avait été impossible d’articuler la moindre parole. Ni d’afficher quelque expression intelligente. J’étais muet. Transparent. Je me tenais en retrait, l’œil vide, sans esprit de réplique ou d’à-propos, si tristement figé que Cornelius avait eu pitié, et m’avait tendu une coupe de champagne afin de m’insuffler un peu d’existence et de me remettre en mouvement.

Éditions Grasset
309 pages