Cher connard – Virginie Despentes (2022)

Cher connard – Virginie Despentes (2022)

Cher dernier livre de Virginie Despentes. J’adore ta mère, elle écrit des diablement bons livres, avec des idées souvent justes, parfois extrêmes, mais toujours intéressante sur le patriarcat, la France et notre société en général. Une version moderne des Liaisons dangereuses ? J’aurais adoré. Mais ce n’est pas exactement ce à quoi je m’attendais.

J’ai trouvé plusieurs éléments excellents. Certaines réflexions sont d’une justesse comme seule Despentes sait les dire. Parfois non sans violence car celle-ci est parfois requise pour parler de certaines choses, mais toujours avec une vérité forte, qui rend justice aux femmes et laisse les hommes un peu honteux. J’ai aussi beaucoup aimé ces personnages que tout écarte, mais qui, malgré tout, ont besoin de se faire comprendre, d’être acceptés, de parler à quelqu’un. C’était touchant.

J’ai aussi aimé ce retour à l’usage des courriels à la manière des lettres. Une méthode que peu d’entre nous utilisent encore – dans mon cas, presque jamais, faute à mon année de naissance – qui reste entière, sans tomber dans l’extrême brièveté des textos.

Mais j’ai tout de même trouvé certains enchaînements naïfs. J’ai trouvé l’ouverture de ces deux personnages l’un envers l’autre bien facile. Cette femme qui parle à ce connard alors qu’il vient de l’insulter de la manière la plus crue, sous prétexte qu’elle aimerait des nouvelles de sa sœur : elle pourrait tout aussi bien lui écrire à elle.

La forme épistolaire était bienvenue au début, avec un démarrage plutôt drôle et mouvementé. Mais j’ai l’impression qu’elle est responsable de la lenteur du récit, qui commence à devenir relativement mou au milieu du livre. C’est un peu long.

Le grand plus de ce livre est ce qu’on retrouve dans ses autres livres : des idées sur la position de la femme qui vous font réfléchir et questionner l’état des choses actuel.

Le grand moins, c’est que ça ne décoiffe pas assez. C’est un peu trop doux, un peu trop calme. Peut-être que Despentes change, peut-être qu’elle essayait une nouvelle chose, comme le font tous les bons auteurs. Je reste, pour ma part, sur un avis mitigé.


Éditions Grasset
350 pages