Concerto pour la main morte – Olivier Bleys (2013)

Concerto pour la main morte – Olivier Bleys (2013)

Nous sommes dans un petit hameau perdu en plein milieu de la grande Sibérie, qui s’appelle Mourava. C’est le bout du monde. Ici, à part les vastes forêts annuellement habillées par les tempêtes de neige hivernales, quelque plaines et cabanes bancales, il n’y a rien. Vladimir Golovkine, un cinquantenaire célibataire, n’a qu’un seul rêve : partir à bord du bateau pour Krasnoïark, une grande ville en amont du fleuve. Et qui sait, peut-être un jour verra-t-il Moscou.

Deux obstacles absents se dressent face à lui : il lui manque une valise et de l’argent. Si le premier élément est vite résolu, demeure le souci des fonds pour payer la traversée. 4,000 roubles, c’est une somme faramineuse qu’il ne pourra jamais réunir. Et les marins qui opèrent le navire ne sont pas dotés d’une âme généreuse.

Sa fortune tourne lorsque qu’un étranger débarque au village. Colin Cherbaux est français. Sa profession : pianiste. Son statut : musicien raté. Bien qu’il soit talentueux, sa main droite refuse de lui obéir dès qu’il joue le Concerto no 2 en do mineur de Rachmaninov. Il a besoin d’un gite, et frappe, par hasard, à la porte de Vladimir.

Un roman/fable qui m’a beaucoup touché. Je n’avais jamais entendu parler de cet auteur, mais j’ai tout de suite été emporté par son style élégant et son vocabulaire fourni qui donnent naissance à des associations d’images et de figures de styles uniques. L’histoire de deux désespérés qui vont pouvoir se tendre la main.

J’étais un peu déçu par la facilité du dénouement, mais je me suis fait que c’était une lecture de style et d’image, l’histoire m’importait peu. Le roman est peuplé de personnages authentiques et touchants. À lire pour tous les amoureux de musique et de belles phrases bien construites.

- Hum. L’espoir, c’est bon pour vous, les étrangers. Il y a longtemps qu’en Sibérie, nous n’avons plus cette friandise en magasin.

Les artistes en Russie ont des rêves sublimes, ses ivrognes des rêves minables. Qu’importe, ils rêvent tous.

- Vous aimez la musique ? - Ceux qui peuvent s’en passer, à mon avis, ne sont pas digne de notre espèce.


Le Livre de Poche
212 pages