Demian – Herman Hesse (1919)

Demian – Herman Hesse (1919)

C’est toujours les mains un peu tremblantes que je rédige mes chroniques sur Herman Hesse. Chaque lecture me remplit à la fois de joie et d’insatisfaction : j’ai l’impression d’avoir beaucoup appris, mais aussi de laisser beaucoup m’échapper. Je soigne cette angoisse en me disant que les éléments que je n’ai pas su saisir sauront se montrer plus dociles lors d’une lecture ultérieure. Car ce sont bel et bien des textes à lire plusieurs fois.

Demian – Histoire de la jeunesse d’Émile Sinclair, est un roman d’initiation, le parcours d’un jeune homme dans sa quête de la vérité. Tout son questionnement tourne autour du sens. Qu’est-ce qui est important dans la vie ? Pourquoi ne s’identifie-t-il pas dans la société dans laquelle il a été forcé de grandir ? Étudier le droit ? Très peu pour lui. Suivre l’exemple de ses parents ? Quoi de moins désirable ?

Sous les conseils de Demian et d’autres de ses amis, il apprendra avant tout à s’écouter lui-même et à redéfinir les priorité qu’un homme se doit de suivre. Après tout, faut-il obéir à la société comme un mouton, ou tracer son propre chemin comme un loup ?

Dans un raisonnement similaire à celui mené dans son roman Siddhartha (1922), on retrouve la thématique cette idée de la traversée du chaos et du doute au lieu du chemin tracé et défini. Cette voie est certes plus périlleuse, mais c’est la seule qui fera mériter au narrateur l’accomplissement de sa destinée propre. Pour reprendre les mots de Nietzsche, il ose devenir lui-même.

Autour de ce qui substituera de nous, ou bien autour de ceux qui nous survivront, se concentrera la volonté de l'humanité, cette volonté que l'Europe a étouffée pendant si longtemps par les cris de la foire à la technique et à la science. Et il sera révélé que la volonté de l'humanité n'a jamais été celle des communautés actuelles, des États, des peuples et des églises. Mais le but que la nature tend à atteindre par l'humanité est écrit en chaque individu, en toi et en moi. Il était écrit en Jésus, il l'était en Nietzsche. Quand les communautés actuelles auront disparu, alors ces courants, seuls importants, qui, naturellement, peuvent se présenter chaque jour sous un autre aspect, trouveront la place qui leur est nécessaire.


Éditions Le Livre de Poche
186 pages