Evaristo Carriego – Jorge Luis Borgès (1930)

Evaristo Carriego – Jorge Luis Borgès (1930)

Ne sachant pas comment introduire cette lecture, je vous propose directement son quatrième de couverture.

L'étude de Jorge Luis Borges sur "Evaristo Carriego" - poète argentin qui jouissait de la popularité au début du siècle - n'est pas un simple exercice critique biographique ou un ensemble de timbres traditionnels, mais des battements dans le but de recréer l'environnement inconnu qui entourait l’homme isolé et le protéger contre son auteur. Travail "moins documentaire qu'imaginatif", dans lequel Borges - élevé "dans un jardin, derrière une clôture avec des lances, у dans une bibliothèque de livres anglais illimités" - raconte la chronique de ce "Palerme du couteau et de la guitare" dans lequel il a grandi.

Dans cette lecture que j’ai trouvé quelque peu ardue par moments, Borges nous parle d’un poète tombé dans l’oubli. Il présente d’abord le village d’où ils viennent, le poète et lui-même, afin de poser le décor et nous aider à comprendre les préoccupations d’un poète de ce temps. Il se lance ensuite dans diverses analyses de poèmes, décortique les bons comme les moins bons, parle de la vie du poète, de sa famille, ses fréquentations, sa mort.

Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est lire la biographie – parfois largement imaginée – d’un poète que non seulement je ne connais pas, mais que le monde a aussi oublié. Lire une biographie de Racine ou de Mallarmé est toujours intéressant et très instructif. Mais lire la biographie d’un homme oublié, effacé par le temps, c’est comme se faire confier un secret bien gardé, des bribes d’histoire partie en fumée dans le ciel, que seules des imaginations comme celle de Borges parviennent à rattraper et à enfermer dans un livre, pour les confier à son lecteur, en chuchotant, la nuit, dans une bibliothèque sombre.


Éditions de la Pléiade
100 pages