Je te verrai dans mon rêve – Julie Bonnie (2021)

Blaise sort tout juste de prison. Après 10 ans derrière les barreaux, il a à peine 30 ans. Presque toute une vie devant lui. Il récupère le bar de son père, dans ce bled paumé. Cela parait gris, mais c’est ici qu’il a grandis. En dehors de la prison, c’est tout ce qu’il connaît.

C’est en retapant le bar poussiéreux qu’il rencontre Nour, une petite fille encore dans sa poussette, mis au monde par une mère totalement perdue, écorchée par la vie, comme Blaise. Et les malmenés du destin, ils se comprennent. Pas besoin de mots. En quelques heures, ils savent. Ça se lit dans leurs yeux. Très vite, Blaise prendra la petite sous son aile. Il sera le père qu’elle n’a pas eu, et lui donnera l’amour qu’aucun d’eux n’a connu. Blaise est maladroit à souhait, mais sa bonté rattrapera toutes ses maladresses.

Dans une ville qui ne fait miroiter aucun rêve de s’en sortir, nos personnages ne baisseront pas les bras. Blaise redonne vie à son bar oublié, Nour se construit comme elle le peut et trouve une échappatoire dans la musique. Mais est-ce que le poids du passé n’est pas trop lourd pour pouvoir s’élever vers l’avenir ?

Un roman qui se lit tout seul, des personnages vrais, des phrases courtes et élégantes, des questions sans réponses, mais au final, c’est aussi ça, la vie. Une belle découverte.

Après toutes ces années de merde, je suis encore un grand naïf. J’ai envie de lui gueuler dessus, mais je veux pas réveiller la petite. Josée essaye de sourire, un sourire vain, un sourire de désespoir, une grimace affreuse. Le cloaque qui veut ressembler au ciel dégagé. Une catastrophe. Cette tentative de sourire me désarme. Putain, y a pas plus pathétique qu’un junkie.

Éditions Grasset
177 pages