La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole (1980)

La conjuration des imbéciles – John Kennedy Toole (1980)

Voilà un livre dont j’avais beaucoup entendu parler. Ce qui a particulièrement attisé ma curiosité est le mot de l’éditeur en début de livre. Il ne voulait absolument pas lire ce manuscrit recommandé par la mère du défunt auteur – suicidé à l’âge de 31 ans, par suite de nombreux troubles psychologiques. Mais la mère insista, et l’éditeur finit par le lire. Puis, il ne put le poser, dévorant, page après page, le livre qui se verrait remettre le Prix Pulitzer l’année suivant sa publication.

Notre anti-héros s’appelle Ignatus Reilly. Obèse, flemmard, hautain, trentenaire, aussi détestable qu’il est bien articulé, il habite encore chez sa mère. Il prend le monde avec une telle hauteur et un tel dédain qu’il refuse d’y participer, et surtout pas en travaillant.

Mais le jour où sa mère doit rembourser une grosse amende, au risque de perdre leur modeste maison, Ignatus n’a plus le choix : il doit sortir et trouver un travail. Commence alors une longue aventure d’essais-erreurs, où Ignatus devra mettre de côté sa démesurée estime de soi pour rejoindre le monde salarié. Mais sa silhouette éléphantesque, son arrogance inexplicable, ses rêves de grandeur et son style vestimentaire discutable seront tous des freins certains à son succès.

Dans ce livre, vous rencontrerez une mère soumise qui commence à se rebeller, un fils qui incarne l’ingratitude, un patron d’entreprise déchu, un videur qui travaille pour le salaire minimum par peur d’être dénoncé à la police, une danseuse érotique qui forme un numéro avec son perroquet, un vendeur de saucisse/garagiste, une révolte d’ouvrier, une vieille dame sénile qu’on ne laisse pas partir à la retraite, une femme au foyer désœuvrée, une jeune étudiante révolutionnaire, un policier désespéré.

Bref, voici le théâtre de la conjuration des imbéciles, sorte de dénonciation humoristique de l’Amérique profonde ou le ridicule et l’absurde se mêlent au quotidien de la population, de manière si évidente qu’elle ne les remarque même plus. Comme le dit le 4ème de couverture, c’est l’histoire d’un Don Quichotte yankee.

Un roman inclassable, un roman à lire. On ne peut que regretter tous les livres que John Kennedy Toole n’a pas eu le temps d’écrire.


Éditions 10/18
535 pages