La couleur des mots – Tahar Ben Jelloun (2022)

La couleur des mots – Tahar Ben Jelloun (2022)

Et si je vous disais que le grand écrivain marocain Tahar Ben Jelloun avait commencé sa carrière d’artiste non mais pas avec les mots mais avec les formes et les couleurs ?

Il dessinait d’abord sur les grands papiers d’emballages que son père utilisait pour emballer les épices de son magasin : du bleu pour le ciel, du vert pour le sol, avec souvent un soleil pour donner de la lumière au paysage. Les images ont été son premier moyen d’expression pour raconter des histoires – pour commencer, sans grand intérêt, selon ses mots. C’est seulement une fois prisonnier d’un camp disciplinaire de l’armée marocaine, à l’âge de 19 ans, qu’il a commencé à écrire des poèmes.

Ce récit autobiographie est celui de la rencontre de l’auteur avec la couleur, avec les mots, avec les émotions, les douleurs et les joies inscrite dans une œuvre d’art. Le livre est également augmenté d’une petite collection de tableaux qui vous donnera un bel aperçu de l’œuvre picturale de l’auteur. Loin du mythe de la muse, Tahar Ben Jelloun nous montre que l’art est avant tout une fonction qui combine la sincérité et le travail.

J’ai adoré. J’avais lu quelques livres de l’auteur, je mais je n’avais jamais su qu’il était également peintre. Sa prose n’est plus à défendre, mais j’ai été époustouflé par ses peintures. Rien de complexe au niveau technique : des aplats de couleurs, des formes simples, et pourtant, une composition instinctive qui fonctionne, un tableau qui transmet une véritable émotion, et qui vous donne envie de se perdre dans votre contemplation.

Je vous recommande vivement ce roman. Et je dois aussi dire que le travail d’édition effectué par les éditions de l’Iconoclaste est absolument magnifique, c’est un très bel objet.


Éditions l’Iconoclaste
200 pages