La faute – Daniel Monnat (2020)

La faute – Daniel Monnat (2020)

Nous sommes au début de la seconde guerre mondiale. Hitler a annexé l’Autriche, puis la Pologne. Menaçant maintenant la frontière française, rien ne semble pouvoir arrêter la marche de l’histoire : le succès de l’entreprise nazie devient doucement indiscutable. Et si la Suisse ne veut pas être envahie à son tour, elle ferait mieux de faire profil bas.

Michel, un jeune étudiant en médecine originaire de la campagne, fait tout pour s’intégrer à Genève. Il peine à suivre le rythme de vie effréné de ses petits camarades de la haute société genevoise. Beuveries au Landolt, visites au prostituées, opinions politiques tranchées, très à droite, voire antisémites, clamées haut et fort afin de provoquer. Michel n’adhère pas à ces idées, mais il fait le sourd. Il est amoureux d’Oriane, la sœur de son ami Arthur. Pour l’impressionner et garder sa place dans ce petit club restreint, il doit forcément fermer les yeux sur certaines valeurs.

Un jour, il fait la rencontre du couple Tauchner. Avec leur petite fille, ils ont dû fuir Munich lors de la Nuit de Cristal, craignant pour leurs vies. Ayant pour ambition de se refaire en France, ils lui confient un Picasso. Cela leur fera un coussin de sécurité si jamais la France tombe.

Le père d’Oriane, un banquier aux mœurs discutables et au bras long, croit Michel sympathisant de l’extrême droite, et le prend sous son aile. Michel est même à deux doigts d’épouser Oriane, mais comment trouver l’argent pour payer la bague ? Alors, il pense au tableau. Mais que fera-t-il quand les Tauchner viendront réclamer leur propriété ? Le début d’une aventure qui mènera notre narrateur jusqu’au front russe, au milieu de l’atrocité des combats.

Un livre absolument génial. Il sera question de la guerre, du comportement de la Suisse, des divisions politiques au sein du pays. Nous serons plongés dans les meurtres contre nature, l’horreur totalitaire, la folie des grandeurs d’un régime de haine.

Daniel Monnat, journaliste, a dirigé 6 reportages sur la seconde guerre et le rôle de la Suisse dans ce conflit. Ce qu’il a appris lui a inspiré ce roman magnifiquement bien documenté, écrit avec un style sobre et tranchant. Croyez-moi, vous ne pourrez plus le poser, et vous en sortirez grandi.

Cette violence est d’une intensité et d’une cruauté tellement inimaginable que je le jeune médecin parvient avec difficulté à enregistrer les scènes qui se déroulent à quelques dizaines de mètres de ses yeux. « C’est trop. Personne ne me croira. »
Alors, il prend délicatement Elsa dans ses bras. C’est sa manière de lui dire merci. Dans cet enfer, les mots n’ont plus de sens.

Éditions Slatkine
315 pages