La fille d’un héros de l’Union soviétique – Andreï Makine (1990)

La fille d’un héros de l’Union soviétique – Andreï Makine (1990)

Ivan Demidov, ancien sergent-chef de la Garde, est un héros de l’Union soviétique. Après des hauts faits héroïques pendant la bataille de Stalingrad, il est secouru sur le terrain par la belle Tatiana Kouzminitchna. Il se promet de la marier dès la fin de la guerre.

Le jour venu, la pauvre Tatiana est grièvement blessée. Un éclat d’obus dans les côtes ne peut être retiré sans mettre sa vie en danger. En plus de ne plus pouvoir porter d’objets trop lourds, elle ne pourra jamais avoir d’enfant. Ivan est dévasté, mais dans sa grandeur d’âme et avec tout l’amour qu’il lui porte, il décide de l’épouser quand même. Une promesse est une promesse.

C’est quand ils partent pour la ville que Olia, leur fille, naît en bonne santé. Elle grandit, fait des études, puis fini par travailler pour le contre-espionnage russe. Malgré le manque de denrée et le salaire modeste d’Ivan, la famille survit. Demidov est invité tous les ans pour parler de la bataille de Stalingrad et du courage des Rouges pendant la guerre.

Mais tout s’effondre quand Tatiana décède dans un accident. Ivan Demidov sombre dans la boisson. Héros de l’Union soviétique, lui qui a risqué sa vie pour défendre son pays, il a à peine de quoi acheter son pain. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Pour couroner le tout, il n’est même plus invité aux commémorations de la bataille de Stalingrad.

Critique d’un régime qui se veut populaire, alors qu’il néglige son peuple, ce premier livre d’Andreï Makine est un incontournable. D’abord l’idée d’une patrie forte et reconnaissante pour ses services héroïques, puis la chute. Le rêve d’un après-guerre glorieux, l’étoile d’or sur la poitrine, n’était qu’illusion. La triste réalité d’un pays coupé du monde par le rideau de fer, qui sert son élite, mais peine à faire vivre ses autres classes sociales, ne refait surface que trop vite.


Éditions Folio

211 pages