La vallée des rubis – Joseph Kessel (1955)⁠

La vallée des rubis – Joseph Kessel (1955)⁠

Au cœur de la jungle birmane se trouve une vallée secrète. Son accès est ardu, le voyage est long et fatigant, peu de personnes connaissent ses routes. Arrivé sur place, c’est l’un des endroits les plus dangereux de l’Asie. Car Mogok est la citadelle du rubis. Ses entrailles regorgent de ces pierres rares et couteuses, qui ont parfois rendu des hommes riches, et parfois, a mené bien d’autres à la ruine.⁠

Et quand on propose à notre narrateur (Joseph Kessel ?) d’aller explorer cette ville perdue, il n’hésite pas une seule seconde. Toute aventure est bonne à prendre, est le fait qu’elle soit dangereuse ne la rend que plus palpitante.⁠

Peu d’écrivains parlent de voyage avec des termes aussi justes que Joseph Kessel. On a par exemple ce passage pour parler du conflit entre le pays imaginé et le pays que l’on rencontre :⁠

Rien n’est plus émouvant que le premier échange avec une capitale exotique, dont on ne sait rien, sinon par les récits et par les livres. On ajuste avec bonheur ces notions abstraites à l’éclatante vie que découvrent les yeux.

Mais s’il y a un passage qui, pour moi, montre la toute-puissance de Kessel en termes de description de personnages aux vies et caractères uniques, c’est celui-ci :⁠

Il m’inspira – dès le premier abord, dès la première poignée de main – un profond sentiment de confiance, de sécurité, d’amitié. Il appartient à cette forte race d’hommes – soldats de fortune, explorateurs par vocation, blédards de nature, chasseurs professionnels, sous des climats difficiles et dangereux, de gros gibiers, d’images ou de nouvelles, gens pour qui l’aventure est le pain quotidien, le courage une habitude, la modestie une loi, qui cherchent le risque et même le provoquent, le créent, sans le savoir et qui sont riches seulement d’histoires vécues et superbes qu’ils n’écriront jamais parce qu’elles leur semblent toutes simples.

En somme, une autre grande réussite de Kessel, qui devient vite l’un de mes auteurs préférés du siècle dernier.


Éditions Folio⁠
250 pages⁠