La vraie vie de Sebastian Knight – Vladimir Nabokov (1941)

La vraie vie de Sebastian Knight – Vladimir Nabokov (1941)

C’est le tout premier roman que Vladimir Nabokov, écrivain d’origine russe, écrira en anglais. C’est l’histoire de deux frères russes immigrés : le premier est à Londres, où il devient un écrivain célèbre mais meurt très jeune d’une défaillance cardiaque ; le second est à Paris.

À la mort de Sebastian Knight, l’écrivain de renom, son frère décide d’écrire sa biographie pour contrer une très mauvaise version écrite par un certain Mr. Goodman. Il s’agira de démêler le vrai du faux, puisant dans une existence chaotique et des traces lacunaires. Qui était vraiment cet homme ? Un auteur de génie ? Un bourreau des cœurs ? Un homme malade ?

Ce roman est double. D’un côté, il s’agit d’une enquête sans réponse, qui met en lumière à quel point il nous est impossible de connaître véritablement l’autre, fusse-t-il notre propre frère. C’est un dialogue entre le vrai et le faux, un mélange trouble que l’on appelle la fiction. Comme le dit Vladimir Nabokov : « Peut-être sommes-nous lui et moi, un autre, qu'aucun de nous deux ne connaît ».

D’un autre côté, comme il est dit dans Le nouveau dictionnaire des œuvres : « Nabokov a traité ici le thème du double, puisque les deux frères représentent manifestement les deux facettes complémentaires d’un seul être dont Nabokov ait jamais parlé au fond : l’écrivain. »

On se prend dans l’aventure avec le jeune frère qui cherche désespérément à mieux comprendre et à restaurer l’honneur de son frère. De son vivant, il l’a toujours manqué. Il espère bien maintenant faire de la lumière sur tous ces moments auxquels il n’a pas eu le privilège de participer. Ce roman nous prouve que l’amour peut mouvoir bien des causes, et suffire à faire naître une dévotion à toute épreuve.

C’est un roman exigeant, mais très bien écrit, sur le modèle d’une enquête digne d’un bon polar. Un classique à lire dans l’œuvre de Nabokov.