Le Journal d’un homme de trop – Ivan Tourguéniev (1850)

Le Journal d’un homme de trop – Ivan Tourguéniev (1850)

Un homme jeune mais déjà trop malade se meurt. Sur une centaine de pages, il revient sur les événements importants de sa courte vie, qu’il juge par ailleurs bien insatisfaisante. Toujours, il a eu cette douloureuse impression d’être « de trop ».

C’est ce sentiment qui nous prend quand on est avec un groupe de personnes, et qu’on sent qu’il n’y aurait aucune différence si nous n’étions pas là. Dans le pire des cas, la situation serait peut-être même meilleure pour les autres si on la sublimait de notre absence. Mais où aller, que faire et comment trouver sa place quand on se sent de trop pour toute une société ?

Son enfance est morne et sans intérêt. À la mort d’un père absent, la famille se retrouve ruinée, et doit quitter Moscou. Déjà, à ce moment, sa vie commence mal, et il aurait pu être absent que cela n’y changerait rien. Mais ce sentiment de s’imposer prendra toute sa force dans l’histoire de sa passion pour la belle Élise, qui, sans grande surprise, n’a que faire de ce jeune homme.

Petit à petit, on se rend compte qu’il est le seul fautif de ce décalage avec le monde. Il est passif, spectateur, peureux, toujours lent à la détente. Il ne sait pas, il hésite, il bégaie. Quand il se décide à réagir, la fenêtre d’action est déjà passée. Sa faiblesse et son incapacité à s’adapter le mènent à une solitude amère dont il ne parvient pas à échapper.

Tourguéniev brosse un portrait fascinant de la société russe provinciale, avec tous ses aspects merveilleux, qui peut parfois être fatale et cruelle.


Éditions Folio

103 pages