Le rire des déesses – Ananda Devi (2021)

Le rire des déesses – Ananda Devi (2021)

Entre les ébats de sa mère avec ses clients, et Chinti – « la fourmi » –, il n’y a qu’un mur qui se dresse. Chaque nuit, la petite fille s’endort en pleurant, des larmes chaudes qui proviennent plus du délaissement quotidien dont elle est victime plus que d’une compréhension de sa situation.

Malgré ses malheurs, Chinti est une enfant solaire. Elle est sous la protection de toutes les femmes de la Ruelle. Elle se liera aussi d’amitié avec Sadhana, aussi marginale, rejetée par les siens pour avoir commis la faute de naitre dans un corps d’homme.

L’équilibre fragile de leurs vies vacille le jour où Shivnath, un homme de Dieu corrompu, décide de kidnapper Chinti et d’en faire une déesse et sa concubine, alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Les prostituées et les transsexuels ont toujours eu l’habitude de se faire maltraiter et marcher dessus. Mais hors de question que quelqu’un touche à la petite fille, car sa lumière est l’espoir de la rue. Peut-être qu’elle, un jour, pourra en sortir et mener une existence simple et heureuse.

C’est le récit d’une petite révolution, de dizaines de femmes en colères qui, même si elles n’ont jamais eu le courage de se sauver elles-mêmes, mobiliseront leurs forces pour sauver le destin de leur fille à toute. Un magnifique roman plein de compassion et d’espoir.

Une adoration entière, sans questionnement et sans exigence, voilà ce qu’elle lui offre : l’adoration des purs. Dénuée du doute qui ronge les adultes et envahis les cœurs faillibles. Il voudrait préserver cela, la mettre dans un écrin, l’adorer à son tour. Chinti, il le décide désormais, sera l’assouvissement de son ultime ambition.


Éditions Grasset
235 pages