Le rire du grand blessé – Cécile Coulon (2013)

Le rire du grand blessé – Cécile Coulon (2013)

J’ai eu la chance de rencontrer Cécile Coulon lors d’une conférence, et j’en ai profité pour lui faire signer le livre que j’étais en train de lire, le sien. « Bienvenue dans un monde affreux, propre et méchant », a-t-elle écrit dans sa dédicace. Et je n’aurais pas pu mieux décrire ce roman.

Dans un monde qui n’a plus de nom, l’ordre social est garanti par les lectures publiques. Un « écriveur » anonyme lit un texte sans titre, face à un stade plein à craquer. Et c’est l’extase dans la foule. Ils rient à gorge déployée avec les romans drôles et se tordent de douleur en entendant les lectures d’épouvante.

Toute cette foule doit être contenue par une force d’élite pour éviter les débordements. Le service des Gardes, dont les éléments sont recrutés dans les régions pauvres de la ville, est responsable de cet ordre. Chaque membre voit son nom remplacé par un matricule et a l’interdiction formelle d’apprendre à lire.

1075 est le meilleur des agents. Il est droit, analphabète, discipliné, prêt à tout pour conserver le style de vie que le gouvernement lui a offert en échange de ses services, loin des histoires et des mots. Mais résistera-t-il à la tentation d’une instruction ?

Véritable ode à la culture et à la pensée individuelle, cette dystopie s’inscrit dans le style de livres comme 1984 d’Orwell – l’œil en couverture nous rappelle un peu Big Brother – ou de Nous de Zamiatine. Bien qu’il y ait quelques éléments manquants selon moi, j’ai trouvé que cette histoire nous faisait nous poser de multiples questions quant à ce pouvoir magique qu’est la lecture. Notons que Cécile Coulon publie ce livre à seulement 23 ans. On sent alors qu’il y a plusieurs points à améliorer, mais c’est surtout annonciateur de la naissance d’une grande plume contemporaine.


Éditions J’ai Lu
157 pages