Le roi n’a pas sommeil – Cécile Coulon (2012)

Le roi n’a pas sommeil – Cécile Coulon (2012)

Thomas Hogan semblait être sur le bon chemin. La route vers le bonheur était toute tracée. Il avait trouvé un métier en pensant s’occuper de l’immense propriété acquise par son père, qu’il leur avait laissé avant de mourir. Il ne s’était pas laissé entrainer par la mauvaise influence de son ami Paul. Thomas était un jeune homme droit, bien constitué, avec un avenir radiant.

Puis tout a basculé. Il ne peut plus voir Donna. Il sombre dans l’alcool. Il brûle son trésor précieux : sa vie, son avenir, son bonheur. Et tout cela pour quoi ? Quand sa mère s’est précipitée dehors en entendant l’accident, le cœur battant, la peur à la poitrine, la robe défaite et les cheveux en bataille, personne ne compris ce qu’il se passait. Seul son cri strident perturba le silence et la tranquillité du village.

Le troisième livre de Cécile Coulon, qu’elle conclut alors qu’elle a à peine 22 ans. Une plume incisive et forte, dont l’inexpérience ne fait que souligner la force des choses et l’honnêteté de l’histoire. On note certaines faiblesses : une prose parfois maladroite, des personnages qui ne donnent pas l’impression d’être tout à fait entier.

Les premiers pas d’une auteure prometteuse, qui, me semble-t-il, saura secouer la scène française avec des histoires qui savent appuyer là où il faut, qui réveillent les douleurs silencieuses du monde et met en lumière les beautés oubliées.

Le rituel n’avait pas changé : chaque soir, il arrivait vers neuf heures, sirotait un premier verre au bar puis réservait sa table favorite. Les autres joueurs se pointaient plus tard, s’installaient à ses côtés et les parties s’enchaînaient jusqu’à ce que l’un d’entre eux, dépouillé, lâche son jeu sur le tapis couleur pelouse et décoche un fabuleux crachat sur le sol recouvert de mégots et de bris de verre pilé. À deux heures, le néon du Blue Budd n’éclairait plus la rue. Thomas, ivre et enrichi, filait en zigzag jusque chez lui, s’écroulait une ou deux fois dans les escaliers avant d’atteindre sa chambre. Dans la pièce voisine, Mary priait tant qu’elle pouvait, sauf quand le médecin passait la nuit avec elle : il la prenait contre lui et ses inquiétudes s’envolaient.


Éditions Points
Prix Mauvais Genre 2012
154 pages