L’Égoïste romantique – Frédéric Beigbeder (2017)

L’Égoïste romantique – Frédéric Beigbeder (2017)

Oscar Dufresne décide d’écrire la chronique de sa vie dans un journal. Chaque jour, il prend la plume et note une phrase, une anecdote, une réflexion pour la partager avec l’audience du quotidien dans lequel il est publié. Quel exercice ! Un journal intime qui n’en est plus un. De plus, il ne fait aucun tri, je le soupçonne même de parfois l’épicer davantage. Ou alors ne fait-il que diminuer ses aventures pour ne pas trop ternir son image ? Drogues dures, jeunes femmes à peine majeures, extravagances sexuelles en tout genre, fêtes Gatsbyesque en compagnie de la crème des salons parisiens, le tout dans un excès des plus total. Mais attention, parfois, il écrit. Même si c’est à raison de quelques lignes ou d’une phrase par jour.

Il est bien facile de conter ses excès de célibataire, mais que faire quand une femme entre dans notre vie ? Comment concilier la vie de débauche et de l’excès avec la fidélité et la mesure ? On ne le peut pas, du moins, c’est difficile pour Oscar. Car oui, écrire sur son entourage, c’est aussi blesser beaucoup de personne. La plume crie souvent ce que l’on n’a pas osé murmurer. Et cela, ça vexe pas mal de personnes. Ça détruit des couples et noie des amitiés. Service rendu ou malheur inutile ?

En sommes, encore un roman de Frédéric Beigbeder que j’ai adoré. J’aime beaucoup son humour décalé, détaché, qui, en se critiquant lui-même, attaque directement la haute société parisienne dont il fait partie. C’est cru, c’est misogyne et vulgaire, mais en le prenant au second degré, on passe un excellent moment.

« C’est à cela que ressemble un écrivain qui n’écrit pas : un cruchon sans bière, un stylo sans encre, une voiture sans carburant. Un objet inutile et encombrant, un outil qui ne sert à rien et qu’il faut, malgré tout, entretenir. Rien de plus déprimé qu’un écrivain en panne. C’est mou et prétentieux, ça se repose sur ses lauriers, ça se conjugue à l’imparfait. Gary et Nourissier ont écrit des choses déchirantes là-dessus. À propos de Nourissier, je change de sujet : j’ai lu dans Nova Magazine que la maladie de Parkinson pouvait se soigner avec du MDMA ! Si cette info se confirmait, cela nous promet de belles réunions chez Drouant. Avec Nourissier sous ecstasy, j’ai peut-être mes chances au Goncourt. »


Éditions Folio
366 pages