Les identités meurtrières – Amin Maalouf (1998)

Les identités meurtrières – Amin Maalouf (1998)

J’avais pour ambition de lire davantage d’essais, et quand le club de lecture de ma ville a proposé de lire « les identités meurtrières », ouvrage qui traînait depuis plusieurs années déjà dans ma bibliothèque, j’ai sauté sur l’occasion.

Et quelle lecture. Amin Maalouf, avec son intelligence et son style habituels, développe la question de l’identité. Qu’est-ce que ce besoin d’appartenance, soit-il religieux, culturel ou national ? Comment se fait-il que sa seule proclamation le mette en opposition avec les autres ? La différence oppose plus qu’elle ne rassemble, on ne célèbre pas la pluralité et on punit la divergence.

Maalouf aborde les diverses religions pour nous montrer que toutes ont été meurtrières, et ce notamment au moment de l’histoire où elles se sont senties menacées. Il aborde aussi la question de la modernisation de notre monde, des impacts de la globalisation et de la violence non seulement écologique, mais aussi culturelle qu’elle impose.

On ne naît finalement qu’avec peu d’éléments qui nous sommes propres. Nous sommes le produit de nos parents, de notre environnement, mais surtout de nos choix. Toute identité, soit-elle personnelle ou nationale, est toujours en constante fluctuation. Et il devient urgent, à l’heure où le monde cherche encore la direction à prendre pour les prochaines années, de mettre un point d’honneur à respecter, préserver, et même célébrer nos pluralités.

Publié il y a plus de 20 ans, ce livre n’a malheureusement pas pris une ride. Je dis bien malheureusement, car c’est ce que souhaiterait Maalouf. Après avoir dit que tout auteur aimerait que son écrit soit éternel, il espère le contraire pour celui-ci :

Que mon petit-fils, devenu homme, le découvrant un jour par hasard dans la bibliothèque familiale, le feuillette, le parcours un peu, puis le remette aussitôt à l’endroit poussiéreux d’où il l’avait retiré, en haussant les épaules, et en s’étonnant que du temps de son grand-père, on eût encore besoin de dire ces choses-là.

Éditions le Livre de Poche
190 pages