Lettre d’amour sans le dire – Amanda Sthers (2020)

Lettre d’amour sans le dire – Amanda Sthers (2020)

Alice est une femme malheureuse. Issue d’un milieu modeste, dépossédé de son adolescence, elle a toujours eu du mal à atteindre le bonheur. À 48 ans, elle se retrouve parquée à Paris, en retraite anticipée, afin de se rapprocher d’une fille qui essaye de l’éloigner.

Son monde gris est chamboulé quand elle décide de faire un massage japonais. Dès les premières gorgées de thé qui précède le soin, elle sent qu’elle pénètre dans une atmosphère nouvelle. Une culture douce, qui apaise et guérit. L’homme qui lui procure le massage changera sa vie terne à jamais. Ses gestes doux et bienveillant lui redonnent le goût de la vie, le plaisir de son corps et lui redonnent un bien-être qu’elle n’attendait plus.

Ce livre est une longue lettre. Pas uniquement la confession d’un amour vrai, mais aussi le récit d’un vide dominé par la douleur. Alice se livre à cet homme comme elle ne l’a jamais fait à personne. Afin de le comprendre aussi, elle apprend le japonais et se plonge dans la culture du pays nippon.

Cette longue lettre n’est pas sans rappeler « Lettre d’une inconnue » de Stefan Zweig. On y retrouve le thème d’un amour fou, inconditionnel, plus puissant que tout, qui ne se consommera pas. Va-t-il recevoir la lettre ? Va-t-il y répondre ?

C’est aussi une magnifique ouverture sur la culture japonaise. Il y sera question de cette langue énigmatique, de leur fabuleuse littérature, des haïkus, de leurs contes et leurs légendes. On retrouve des éléments qui rappelle la culture japonaise : des phrases courtes et précises, qui disent beaucoup eu peu de mots (haïku), un livre écrit au présent (« ukyio », ou l’art de vivre dans le moment).

Sur ce dernier point notamment, on a l’impression que toute la lettre est un ukyio. Alice savoure l’écriture de cette lettre, car tant qu’elle n’est pas envoyée, tout espoir est permis : « J’ai toujours préféré les conforts du fantasme aux risques de la vie », « vous étiez venu habiter la maison où logeait mon espoir endormi ».

C’est court, c’est beau et c’est puissant, une douce romance, un plaisir pour l’âme. Merci encore aux éditions Grasset pour cette belle découverte.


Éditions Grasset
131 pages