L’Homme invisible - H.G. Wells (1897)

L’Homme invisible - H.G. Wells (1897)

La figure de l’homme invisible est un fantasme éternel. Depuis l’Antiquité, les hommes ont rêvé de l’invisibilité, que ce soit la kunée d’Hades, les capes des légendes arthuriennes – reprise dans Harry Potter –, ou encore l’anneau de Gygès évoqué par Platon, que l’on voit dans les mythes nordiques, et plus récemment, « le Seigneur des anneaux ».

Platon était le premier à ajouter au pouvoir d’invisibilité un souci d’éthique en disant que : « tout homme ayant la possibilité de commettre une injustice en toute impunité, la commet. » Et c’est précisément cette problématique qu’aborde H.G. Wells dans « l’Homme invisible ».

Griffin, un scientifique albinos, trouve un jour le secret de l’invisibilité. Si d’abord il jubile de sa découverte, son pouvoir nouvellement acquis a vite fait de le mettre en marge de la société et de le pervertir tout à fait. En effet, pourquoi payer une pomme si l’on peut la voler sans être puni pour son acte ? Mais si le vol est un des premiers primes commis, très vite, Griffin se retrouve dans une spirale de solitude et de destruction dont il ne pourra plus sortir.

Tout comme Gollum dans « le Seigneur des Anneaux », Griffin, d’abord heureux et jaloux de son pouvoir, se retrouvera bien vite captif de son rêve et rattrapé par une réalité aussi ancienne que les légendes : ce qui est différent ne plait pas. Et si cette différence effraie, elle finit par être persécutée.

À travers cet anti-héros exemplaire, Wells parvient à donner vie au problème évoqué par Platon, en montrant ce que donnerait un don d’invisibilité à l’homme. Et l’invisibilité totale a toute de mêmes quelques exigences. Auriez-vous pensé qu’il faudrait se balader nu pour ne pas être un sac de vêtement ambulant, que le froid serait donc notre pire ennemi, ou que l’on ne serait pas tout à fait invisible avant que notre estomac ait fini de digérer la nourriture qu’on lui donne ?

Wells est un vrai visionnaire. Beaucoup de ses idées comme le téléphone portable, la bombe atomique, les trains à grandes vitesses ou les voyages sur la Lune ont fini par s’inviter dans notre réalité, pour le meilleur et pour le pire. L’invisibilité est une des exceptions, à moins que nous ne l’ayons simplement pas vue...

Un roman qui a maintenant plus de 125 ans, mais qui reste tout à fait actuel, posant la question de si l’on continue à bien agir en l’absence de représailles. À lire.


Éditions Folio Classique

300 pages