L’Œuvre au Noir – Marguerite Yourcenar (1968)

L’Œuvre au Noir – Marguerite Yourcenar (1968)

Ayant adoré les Mémoires d’Hadrien, lorsque je suis par hasard tombé sur l’œuvre au Noir dans le bac d’un bouquiniste, il me semblait tout naturel de poursuivre mon exploration de l’œuvre de Marguerite Yourcenar. Et quelle œuvre ! Je suis en train de me demander si tous ses livres ont la même densité et un travail de recherche de la même ampleur. Autant vous l’avouez : j’ai toujours un peu peur de chroniquer les livres de Yourcenar. Ils m’impressionnent tant, me montrent un tel niveau de littérature, de maîtrise de la langue et de culture, que je ne me sens absolument pas en mesure de pouvoir en parler, encore moins d’articuler un avis dessus.

Car je dois vous le dire tout de suite : c’est un livre érudit et très chargé. La trame se situant en plein conflit religieux, où les protestants commencent à s’émanciper de l’Église catholique, j’ose estimer qu’il est relativement ardu de bien suivre l’histoire si l’on n’est pas familier avec les grandes guerres et mouvements politiques de l’époque. Personnellement, j’ai eu un peu de peine et me suis souvent retrouvé à devoir compléter mes lacunes au fil de ma lecture.

Nous suivons Zénon, un personnage obstiné, mystérieux et diablement têtu. Alchimiste, médecin, faiseur de miracle, destiné à une fin tragique réservée à bien des hommes qui, comme lui, sont en avance sur leur temps. Avec lui, on traverse les pays, on découvre les différentes cultures, religions, on côtoie les grands maîtres et les grands penseurs. À travers le récit ses voyages, Yourcenar nous raconte aussi l’histoire de l’Europe, déchirée à la fois par le schisme chrétien et par le passage du Moyen-Âge à la Renaissance.

Accrochez-vous donc, car si le périple est mouvementé, il en vaut bien la peine. Vous voulez un exemple de grande œuvre ? la voici.

L'homme est une entreprise qui a contre elle le temps, la nécessité, la fortune, et l'imbécile et toujours croissante primauté du nombre. Les hommes tueront l'homme.


Prix Femina 1968
Éditions Folio
511 pages