Madjik ou l’incertitude – Julien Cabocel (2023)

Madjik ou l’incertitude – Julien Cabocel (2023)

Madjik, Lo et Diesel sont des livreurs à vélo qui sillonnent les rues de Paris. Chaque jour, c’est une véritable course contre la montre. Il faut enregistrer un maximum de courses pour s’assurer que l’effort et la prise de risque en vaillent la peine. Car rouler dans Paris à leur vitesse relève presque du suicide. Une manière de narguer ta chance qui pourrait vite te rattraper à l’angle d’une rue étroite.

Bassem lui, est homme de ménage à l’aéroport. Il est toujours hanté par le drame qui a ruiné sa vie, celui qui l’a arraché aux siens et propulsé dans une ville où il ne connait rien. Les lettres de cet alphabet étrange lui sont inconnues, il peine à comprendre son environnement. Se pourrait-il que l’homme qu’il croise ce soir-là dans le métro soit celui qui a détruit sa vie ?

Kristell vient d’atterrir à Roissy. Elle n’a pas envie d’aller voir son père pour son anniversaire, dans son vieil appartement qui sent la poussière. Elle décide de fournir le moins d’efforts possible et lui fait livrer son plat favori. La tristesse d’un monde qui va trop vite pour prendre le temps d’aimer un père.

Tous ces personnages sont pris dans le tourbillon d’une société où rien n’est dû, tout est fragile, évasif. Il n’y a pas d’engagement, aucune sécurité, tout s’envole sans cesse dans un éternel mouvement. Et si tu arrêtes de rouler, c’est comme sur un vélo : tu tombes.

Un joli roman écrit avec élégance, sur des protagonistes qui restent trop souvent dans l’ombre. Je regrette peut-être une perte de rythme vers le milieu du livre, mais c’était dans l’ensemble une lecture agréable qui nous permet de se mettre dans la peau des livreurs qui bravent la ville pour le confort des plus fortunés.

Te prend pas trop la tête pour les vélos. Ce qui est jetable dans l’histoire, c’est nous.


Éditions Grasset
178 pages