Martin Eden – Jack London (1909)

Martin Eden – Jack London (1909)

Martin Eden, un marin de vingt ans issu des quartiers pauvres d’Oakland, décide de se cultiver pour faire la conquête d’une jeune bourgeoise. Il se met à écrire, et devient un auteur à succès. Mais l’embourgeoisement ne lui réussit pas… Désabusé, il part pour les iles Pacifiques. Ce magnifique roman paru en 1909, le plus riche et le plus personnel de l’auteur, raconte la découverte d’une vocation, entre exaltation et mélancolie. Car la réussite de l’œuvre met en péril l’identité de l’écrivain. Comment survivre à la gloire, et l’unir à l’amour, sans se perdre soi-même ? Telle est la quête de Martin Eden, le marin qui désire éperdument la littérature.

Martin Eden est bien plus qu’un roman inspiré de la vie de Jack London. C’est la biographie de tous les écrivains auteurs de grandes œuvres. C’est l’histoire des longues nuits d’insomnie, des rejets constants de la presse et des maisons d’édition, des mots écrits avec le sang et la sueur de l’auteur.

Plus encore que l’histoire de l’écrivain, c’est aussi l’histoire de l’ascension d’un homme de classe populaire qui veut s’élever au plus haut niveau de la connaissance. Comme Rastignac part à l’assaut de Paris, Martin Eden part déclare la guerre à la culture, et ne rendra pas les armes tant qu’il ne l’aura pas domptée et soumise. En utilisant chaque minute de son temps avec une intention profonde et réfléchie, il parvient en quelques années à amasser autant de connaissance que les plus grands intellectuels de son temps.

Martin ne lâche pas une seconde. Il écrit sans cesse. Il réduit son temps de sommeil à cinq heures par nuit. Cinq heures volées par les nécessités physiques de son corps, cinq heures amères, volées par le sommeil, perdues à jamais. Mais jusqu’où peut-il aller avec ce rythme inhumain ?

Ce roman est une des lectures qui m’a le plus marqué. Il montre que le talent n’est qu’une petite partie de l’équation. Ce sont la volonté et la persévérance qui feront toujours la différence, que ce soit en littérature ou dans tout autre domaine. Personne n’est entièrement prisonnier de sa classe. Mais la classe bourgeoise est-elle vraiment si enviable ? Est-ce que le diplôme universitaire est vraiment gage d’un niveau intellectuel élevé ? À force de vouloir s’élever, Martin ne deviendra-t-il pas un apatride ; n’appartenant plus à la classe populaire, mais jamais tout à fait à sa place dans la haute société ?

Si vous aimez lire, si vous aimez écrire, si vous aimez les grandes histoires et les défis insurmontables, vous allez adorer ce livre. Un véritable hommage à la littérature et à la vocation d’écrivain. Un coup de maître de la plume d’un auteur mort trop jeune.


Éditions Folio
580 pages