Moderato Cantabile – Marguerite Duras (1958)

Moderato Cantabile – Marguerite Duras (1958)

Que dire de ce roman si atypique ? Je ne vais pas y aller par quatre chemins, cette lecture ne m’a pas plu. Mais elle demeure intéressante et instructive, surtout après avoir lu les commentaires de critiques et les échos dans la presse que l’on trouve à la fin du livre.

Une femme accompagne son fils à un cours de piano. Une enseignante aigrie. Une leçon qui ne donne pas envie, pleine d’exigence et sans une once de beauté et de musique. Puis un cri. Il y a eu un meurtre dans le bar d’en face. Une femme au sol, du sang dans la bouche. Un homme, couché, pleure à côté d’elle.

Anne Desbaresdes est très touchée par l’incident, et revient régulièrement dans ce même bar, discuter avec Chauvin, un habitué. Ils boivent du vin, beaucoup de vin. Ils boivent rapidement, avant que les ouvriers finissent leur travail et vienne se reposer au bar. Que veut-elle savoir ? Qui est ce Chauvin ? Tant de questions qui restent sans réponse, et pendant ce temps, les leçons de piano continuent.

Marguerite Duras avait déjà prouvé ses talents de romancière. Maintenant, elle veut faire quelque chose de différent. Toujours attirée par la difficulté, ce qu’elle sait faire n’a que peu d’intérêt pour elle. N’usant aucunement des astuces que les romanciers ont pour nous faire s’attacher à leurs personnages, Duras nous force au contraire à rester à une certaine distance. On essaye de se préoccuper des personnages, de comprendre leurs préoccupations et le cours de l’histoire, mais voilà bien une affaire impossible. De la première à la dernière phrase, la mère et le fils me résistent et restent tout aussi étrangers. Quoiqu’ils leur arrivent, je ne pourrais être ému. Je ne sais presque rien sur eux.

Une lecture qui m’a plu ? Non. Une lecture que je recommanderais à un ami ? Non plus. En revanche, pour celui qui aurait déjà lu beaucoup de romans et qui se trouverait fatigué du schéma typique ; l’introduction, déroulement et conclusion, de constructions de personnages et de décors, ce livre saura être d’un intérêt considérable.


Les éditions de Minuits
165 pages