Monsieur Ibrahim et les Fleurs du Coran – Éric-Emanuel Schmitt (2001)
Selon moi, ce livre est la preuve que le nombre de page d’un livre n’est en rien garant de sa qualité. Certains livres peuvent dépasser les milles pages sans rien dire de concret et de profond, tandis que d’autres livres en dessous de cent pages peuvent vous frapper comme un missile et peser le poids d’une étagère entière.
Voilà un bel exemple de petit livre qui vous marquera. Éric-Emmanuel Schmitt nous raconte l’histoire de Momo, un jeune garçon élevé seul par son père. Il n’a jamais entendu parler de sa mère, et tout ce qu’il sait, c’est que son frère Popol, qu’il n’a jamais vu non plus, faisait tout mieux que lui. Dès lors, chacun de ses faits et gestes n’est qu’une déception, une pâle copie des exploits de son frère disparu.
Heureusement, l’épicier du coin, monsieur Ibrahim, le prend sous son aile. Monsieur Ibrahim est un arabe. Ici, arabe décrit moins un pays que les horaires de son épicerie : 7/7 jours et ouvert de 8h à minuit. Personne ne sait où disparaît monsieur Ibrahim en dehors de ces heures, la seule certitude est que, entre 8 heures et minuit, il sera là, derrière sa caisse, prêt à encaisser vos achats.
Monsieur Ibrahim et Momo engage une conversation, d’abord à coup d’une phrase par jour, puis de manière plus intensive. Ils parleront de la famille, de l’amour et de la vie, deviendront graduellement de plus en plus proches, jusqu’à devenir comme père et fils.
Écrit du point de vue d’un enfant abandonné, mais qui néanmoins refuse de se laisser aller au désespoir et à la tristesse, ce court roman m’a fait penser à certains récits de Romain Gary, comme La vie devant soi ou Les cerfs-volants. Je l’ai lu d’un coup sans m’en rendre compte, pris dans la beauté de l’histoire et la simplicité de l’écriture. Ma première lecture de l’auteur, qui ne sera sans doute pas la dernière.
Édition le Livre de Poche
75 pages
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