Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants – Mathias Énard (2013)
Nous sommes en 1506, à Constantinople. Michel-Ange, qui désespère de se faire payer par le pape Jules II pour la création de son tombeau, décide de quitter l’Italie pour quelque temps, en répondant à l’appel du sultan Bajazet. Celui-ci a un grand projet pour lui : construire un pont sur la Corne d’Or. Un pont plus beau, plus grand, plus majestueux, qui surpasserait tous les ponts jamais construits. Le défi n’est pas des moindres, surtout que les plans du grand Léonard de Vinci ont déjà été refusés.
Michel-Ange voit là une occasion en or de battre son plus grand compère. Il débarque alors à la cour du sultan, échange brièvement avec son contracteur et se met au travail.
Voici le récit d’un artiste, d’un voyage, de l’un des ponts les plus majestueux de l’Orient, cruellement ôté à l’homme par la nature lors d’un tremblement de terre qui surviendra peu après.
Mais quelle plume ! Un livre qui montre l’art de dire beaucoup en peu de mots. Lu en une soirée, je me suis totalement laissé emporter par ce récit aux côtés de l’un de mes héros de l’histoire, dans l’une des contrées du monde qui m’intrigue le plus.
On suit Michel-Ange dans son travail, on l’observe dessiner inlassablement, à travers ses joies, ses doutes, ses aspirations et ses cruelles désillusions. Aussi, découvrez la ville de Constantinople telle qu’elle devait être au 16ème siècle, avec ses mosquées, ses palais et ses tavernes sombres.
À la manière d’Amin Maalouf, Mathias Énard sublime l’Histoire, en ajoutant des notes romancières à une symphonie de faits, pour arriver à un chef-d’œuvre littéraire, un véritable plaisir qui distrait et instruit à la fois. Michel-Ange n’est jamais allé à Constantinople, dira-t-on ? Mais est-ce important ?
Lisez-le. Vite.
Éditions Actes Sud
168 pages
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