Rose Nuit – Oscar Coop-Phane (2023)

Rose Nuit – Oscar Coop-Phane (2023)

Jan est un personnage sans âme. Il n’a pas de passe-temps particulier, reste toujours fidèle à ses habitudes misérables. Tous les soirs, il rentre du travail, boit quelques canettes de bière. Il se couche, et se réveille avec un chocolat chaud. La journée, il achète et vend des fleurs pour le compte d’une grande entreprise. Il boit du café comme tout le monde, même s’il déteste ça. Il n’existe que pour son travail, pour pas grand-chose en somme. À vrai dire, c’est à peine s’il existe vraiment. Les sentiments complexes lui sont étrangers. Il vit comme s’il était mort.

Ali est vendeur de roses. Parti il y a deux ans du Bangladesh, dans l’espoir de prendre des marques en Europe, il trime. Il loge dans un appartement avec six autres clandestins. Tous les jours, il achète un bouquet de roses à son mystérieux fournisseur. Il marche ensuite à travers Paris, tentant d’écouler son stock. C’est une vie solitaire et difficile. Mais il est prêt à tout pour obtenir des papiers. Peut-être que sa femme et son fils pourront aussi le rejoindre un jour.

Nana est allée à l’université. Elle avait un certain don pour l’abstraction et les pensées complexes. Mais ayant besoin d’argent, elle commence à travailler dans une usine de fleurs. Elle arrête de penser. La chaleur sous les serres est étouffante. Les engrais et les pesticides respirés par les travailleurs leur font naitre des taches noires sous les yeux. Ils travaillent pendant huit heures, six jours par semaine, pour trente-cinq dollars par mois.

Dans ce court roman, Oscar Coop-Phane nous montre la chaîne de production des roses depuis les yeux de trois personnages. Jan est au sommet du confort, mais c’est de loin le plus détestable. Ali est au milieu de la chaîne, et trime comme il peut pour espérer un jour mettre sa famille à l’abri du besoin. Finalement, Nana se retrouve au point de départ, car elle n’a pas le choix. Trois destins qui touchent les fleurs, et pourtant, qui jamais n’en verront le même bénéfice.


Éditions Grasset
161 pages