L’art de perdre – Alice Zeniter (2018)

L’art de perdre – Alice Zeniter (2018)

L’art de perdre, c’est l’histoire d’une famille déracinée. Menant une vie paisible en Algérie, les grands-parents de Naïma et leurs enfants ont été victimes des répercussions du colonialisme français. Ne pouvant prêter allégeance ni aux extrémistes algériens qui se battent pour l’indépendance du pays, ni pour les français qui prétendent vouloir les aider par peur de représailles, ils se retrouvent dans une situation délicate où leur propre foyer se transforme en un lieu de moins en moins hospitalier.

Ali, le grand-père de Naïma, prendra la décision de collaborer d’abord avec les deux côtés, mais voyant la situation s’envenimer toujours davantage, il décide de réunir sa famille et de partir en France. Là commence leur aventure dans les camps pour réfugiés surpeuplés et saisis par le froid. Les enfants apprennent le français, les adultes attendent. Ils passent ensuite par un autre camp en forêt, logés dans une petite maison en bois qui nécessitera des aménagements pour être habitable, mais ce seront des souvenirs heureux. Finalement, ils arrivent dans un appartement de cité trop petit pour une famille nombreuse et Ali commence à travailler à l’usine. Mais là, il s’éteint peu à peu, la France n’est pas faîte pour lui, il est vite dépassé par les différences culturelles et par cette langue qu’il ne maitrisera jamais parfaitement.

Hamid est le père de Naïma. Pour lui, l’Algérie, c’est fini. Pas question d’en parler. Entièrement tourné vers sa nouvelle patrie, il a presque honte de ses origines, ne supportent pas ses parents et préféreraient parfois presque être né parisien.

Naïma entreprend ce travail d’archéologue et décide de savoir pourquoi cette fuite, d’où vient sa famille, d’où vient-elle ? Saisissant l’occasion de voyager en Algérie pour son travail, elle fera un détour pour aller à la rencontre de ses origines.

L’art de perdre, c’est l’histoire de la perte d’une identité. La longue histoire d’une famille qui commence dans un pays, qui ensuite et tiraillée entre deux, pour finalement n’appartenir à aucun. C’est la perte d’une origine, l’égarement des traditions, la disparition des repères et des coutumes.

Un livre qui m’a beaucoup ému et donné une nouvelle perspective sur les périples qu’on vécut tellement de familles qui sont, malgré elles, devenues maitresse de l’art de la perte. Alice Zeniter écrit avec une finesse et une expérience rare pour une auteure si jeune. Je me réjouis déjà d’avance de tous les romans fantastiques qu’elle écrira.


Prix Goncourt des Lycéens 2018
Editions J'ai Lu
604 pages