Mon maître et mon vainqueur – François-Henri Désérable (2021)

Est-il sensible ou moqueur, ton cœur ?
Je n’en sais rien, mais je rends grâce à la nature
D’avoir fait de ton cœur mon maître et mon vainqueur
Paul Verlaine

Tina est une jeune femme que l’on n’oublie pas. Pour un oui ou pour un nom, elle se met à rire, à danser, à chanter, à briller d’une force à faire jalouser les étoiles. Elle est de ceux qui dévorent la vie, qui empochent chaque seconde comme des trésors précieux, et qui se posent en défiance devant le temps qui passe.

Et ça, ça a séduit Vasco, amateur de poésie qui travaille à la BnF. Le seul problème, c’est que Tina est déjà prise. Pire même, elle a deux enfants et elle va se marier. Mais l’amour commence souvent là où la raison ne peut plus rien.

C’est une histoire d’amour tissée de vers qui commence. D’une passion commune pour les belles phrases, Vasco et Tina lisent Baudelaire, Rimbaud, Michaux, Aragon, Apollinaire et surtout Verlaine, qui sont tous à la fois les anges, les parrains et les gardiens de leur amour fou.

Mais quand une flamme ne s’éteint pas par elle-même, les intempéries de la vie s’en occupent bien assez tôt. Comment finira cette histoire impossible ?

C’est avec ce roman que je découvre la plume de François-Henri Désérable, et je suis subjugué. Il nous livre ici un roman qui a la force d’un Romain Gary, la douceur d’un Louis Aragon, et la documentation ¬– lorsqu’elle est nécessaire – d’un Stendhal. Mieux encore, les multiples références aux grands poètes des deux siècles derniers ne font pas qu’ajouter une part de beauté empruntée au récit, mais vous donne aussi une folle envie de, à votre tour, d’ouvrir un recueil, d’écrire quelques vers, et pourquoi pas d’aimer, tout simplement.

Lire un bon livre est déjà une chance, mais s’il vous donne envie de lire plus encore, pour ma part, c’est tout gagné.

Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et ne veut pas s'éteindre.

– Verlaine

Grand Prix du roman de l’Académie Française 2021
Éditions Folio
210 pages