Les noces barbares – Yann Queffélec (1985)

Les noces barbares – Yann Queffélec (1985)

La jeune fille est victime, a 13 ans, d’un viol à plusieurs d’une violence inouïe. Blessée à vie, elle porte la marque indélébile de cet affront : elle est enceinte. Ludo ne sera jamais accepté. Ses grands-parents ont peur des regards, que leur fille soit vue comme une traînée, et qu’elle ne trouve jamais un mari. Ce serait trop affreux que les boulangers deviennent la risée du village.

Ludo est donc caché au grenier pendant les sept premières années de sa vie. Il n’a pas le droit de sortir et ne connaît le monde qu’à travers sa fenêtre. Sa mère le méprise et le tient responsable de son traumatisme, ses grands-parents refusent de poser les yeux sur lui. Seule Nanette, sa tante, fait preuve de douceur avec Ludo.

Un jour, un veuf demande la main de sa mère. Ses parents acceptent. Ludo est donc sorti du grenier et déménage dans la maison de Micho et de son fils Tatav. Malheureusement, les marques d’une enfance passée dans un grenier accompagné de la plus grande solitude sont indélébiles. L’enfant n’arrive pas à s’adapter. Personne ne l’y aide de toute façon, les vaines tentatives de Micho sont effacées par le mépris maternel, la jalousie de Tatav et l’exigence du maître d’école. Sa mère arrive à convaincre Micho que Ludo est fou, et ils l’envoient dans un établissement pour les défaillants mentales fortunés. Mais Ludo n’a pas « le singe », et il fera tout pour le prouver et tenter d’obtenir l’amour qu’il n’a jamais reçu.

Un roman à la fois dur et magnifique. J’ai eu un peu plus de peine au milieu du livre, mais j’ai trouvé les personnages attachants. On se sent non seulement désolé pour Ludo qui n’a eu aucune chance pour se développer normalement, mais on peut aussi comprendre la cruauté de sa mère, traumatisée à un si jeune âge. Un grand roman qui s’inscrit pour moi dans l’héritage de J.M.G le Clézio et de Romain Gary.


Prix Goncourt 1985
Éditions Folio
344 pages